Comores:Allocution de Sambi au Sommet Mondial sur la Sécurité Alimentaire.

Sambi-sommet-fao
 Excellences Mesdames et Messieurs les Chefs d’Etat et de Gouvernement ;

• Monsieur le Directeur Général de la FAO ;

• Honorable assistance ;

• Mesdames, Messieurs,

Le monde est en pleine crise. Je dirai plutôt, le monde est plein de crises : crises politique, sociale, économique, alimentaire et ces derniers temps encore, crise financière et énergétique.

Les conséquences de ces crises sur la vie des populations se traduisent souvent dans plusieurs pays par des pertes importantes de vies humaines lors des tentatives migratoires, de nombreuses populations affamées ou malnutries, un chômage élevé et sans cesse galopant, des faillites des institutions financières et une dégradation des écosystèmes et des ressources naturelles.

Ainsi, dans un tel contexte de mondialisation des crises, vous comprenez, honorable assistance, que ce sont les pays à petites économies nationales qui en pâtissent d’avantage.

Ainsi, mon pays, l’Union des Comores, de par son insularité et les spécificités qui s’y rattachent, la situation est plus critique, en ce sens que les conditions de sécurité alimentaire continuent à se dégrader.

La cause la plus évidente est la dépendance, de plus en plus croissante, de l’extérieur dans l’approvisionnement des populations en denrées alimentaires de base et la baisse des revenus des producteurs, suite à la mévente des produits traditionnels de rente, sur le marché international.

En effet, aux Comores, la quasi-totalité du riz, qui constitue plus de la moitié des repas des familles, est importée et a connu une hausse de prix de plus de 50% aux consommateurs, conséquence de la crise alimentaire mondiale de ces derniers temps ayant entraîné la flambée des prix sur le marché international.

Excellences, Honorable Assistance

La question à se poser, ou plutôt à résoudre, est « Quelle Sécurité alimentaire nationale dans un contexte de mondialisation de ces crises de toute sorte ? »

Pour mon pays, le concept de sécurité alimentaire et la perception de la notion de crise alimentaire sont indissociables et ne se distinguent pas du concept de sécurité globale tout court.

La population comorienne conçoit sa sécurité alimentaire dans un concept intégré de satisfaction de ses besoins primaires, en l’occurrence la nourriture, la santé, l’éducation, l’habillement, le logement, l’hygiène et l’assainissement.

Bien que fortement dépendantes des importations, le problème de sécurité alimentaire aux Comores ne se pose pas uniquement en termes de disponibilité des produits sur le marché, mais aussi et surtout en termes de moyens pour se les procurer et la tendance reste croissante.

En effet, avec ses niveaux de revenus déjà faibles, la grande majorité de la population se trouve avec un pouvoir d’achat encore plus dérisoire que jamais.

Pourtant jusqu’à ce jour et cela depuis les régimes précédents, l’Etat comorien consacre moins de 2% de son budget national à l’encadrement du secteur agricole.

Si, avec ce faible taux du budget consenti, ce secteur arrive à contribuer à hauteur des performances de plus de 40% du PIB, 90% des recettes d’exportation et fait travailler plus de 70% de la population active, vous pouvez imaginer ce qu’un tel secteur innové, mieux encadré et valorisé peut réaliser pour atteindre la sécurité alimentaire avec ne serait ce que 10 pour cent d’appui.

Excellences, Honorable Assistance,

Nous comprenons parfaitement la situation d’insécurité alimentaire accrue qui prévaut dans beaucoup de pays en développement mais nous pensons qu’à chaque cas de situation correspond des solutions spécifiques appropriées.

Dans tous les cas, il s’agit de résoudre un problème mondial identique et interdépendant.

L’Afrique, pour ne parler que de ce continent, est très affectée par cette crise alimentaire. Paradoxalement ce continent est doté de tous les atouts pour promouvoir une agriculture riche et diversifié. Il est vrai que beaucoup de pays africains sont affectés par le manque d’eau et la sécheresse. Mais il est vrai aussi que certains de nos pays disposent d’eau en abondance et d’immenses terrains arables.

Nous avons, par conséquent, les moyens d’inverser la tendance actuelle et de faire de l’Afrique l’un des importants greniers de ce monde.

Pour ce faire, une réaction urgente s’impose. Nous devons, au niveau local, renforcer les capacités de nos agriculteurs et leurs donner les moyens de produire davantage.

Mais nous devons aussi et surtout faire preuve d’une réelle volonté politique, d’un engagement ferme et d’une solidarité agissante, en nous organisant, au niveau régional, et selon les atouts de chacun de nos pays, en faveur de la promotion de la production agricole et notamment celle de nos produits de base comme le riz, et répondre, ainsi, aux besoins alimentaires de nos populations.

Mais il faudrait aussi et surtout que les pays les plus nantis et les organisations internationales tiennent leurs promesses et apportent l’assistance financière et technologique ainsi que les investissements nécessaires aux pays les plus démunis pour les aider à améliorer leur capacité de production agricole, à lutter contre les maladies des plantes et les effets des changements climatiques et à mettre fin à la souffrance et au mal être de leurs populations.

C’est à travers cet engagement, cette solidarité et ce partenariat que nous parviendrons ensemble, pays riches et pays pauvres à oeuvrer en faveur d’une qualité nutritionnelle de l’alimentation, d’un pouvoir d’achat plus élevé et d’une valorisation du secteur agricole.

Mais ce partenariat doit également favoriser la lutte contre le désenclavement des pays pour leur permettre d’accéder aux marchés internationaux, la lutte effective contre la dégradation des cours des matières premières agricoles notamment la vanille, première source de devises pour certains pays comme le mien, et la formation des jeunes dans le domaine agricole pour qu’ils assurent la relève de la main d’œuvre agricole qui a vieillie et qui n’est donc plus productive.

Excellences, Honorable Assistance,

Je ne saurais manquer l’occasion que nous donne ce moment solennel pour remercier les différentes organisations internationales et les pays amis des Comores pour l’appui qu’ils apportent aux secteurs agricoles de mon pays.

Je les exhorte à poursuivre cet élan de solidarité en vue de combattre l’insécurité alimentaire et la pauvreté et je les exhorte à apporter leur appui à la mise en œuvre de nos Stratégies de Croissance et de Réduction de la Pauvreté, et à la réalisation des Objectifs du MiIlénaire pour le Développement pour enrayer le fléau de la pauvreté, qui reste la source de nombreux des crises qui affectent nombreux de nos pays.

Pour conclure, je voudrais remercier les autorités italiennes pour l’accueil chaleureux qu’ils nous ont réservé depuis notre arrivée dans ce beau pays.

Vivent la coopération et la solidarité internationale.

Je vous remercie.

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